Reading Comprehension in French – “Les aide-mémoires des Incas : une origine ancienne et énigmatique” (Level B)

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Pour se souvenir, les Incas ne faisaient pas de nœuds à leur mouchoir mais à des cordelettes. L’origine de ce système d’enregistrement en fait assez sophistiqué, remonte au moins au VIIIe siècle apr. J.-C., d’après une nouvelle datation.

Khipu inca − Ethnologisches Museum der Staatlichen Museen zu Berlin - Preußischer Kulturbesitz/Ines Seibt

 Au XVe et XVIe siècle, l’empire inca est à son apogée. Il s’étend de la frontière équatorio-colombienne au nord jusqu’aux alentours de Santiago du Chili au sud. Pour maintenir la cohésion de cet immense territoire, l’État inca exerce un contrôle administratif très fort sur ses sujets : il recense ses soldats, les populations conquises, il impose des travaux obligatoires, etc. En outre, les Incas se livrent à des travaux d’ingénierie : vastes ponts suspendus, tunnels, dizaines de milliers de kilomètres de routes. Toutes choses impensables sans une planification précise et chiffrée.

Mais pour cela il faut compter, il faut comptabiliser. Problème : les Incas n’ont pas d’écriture ! Comment font-ils? En fait, ils utilisent une sorte de pense-bête portatif : le khipu, un trousseau de cordelettes munies de nœuds. Dans chaque village, des fonctionnaires relèvent, par exemple, le temps de travail qu’ont consacré les habitants à l’empire. Puis ils enregistrent les résultats sur des khipus. Ensuite, des messagers spéciaux transportent ces derniers jusqu’aux capitales régionales et de celles-ci jusqu’au cœur de l’empire, Cuzco.

Les comptables de l’époque nouent alors les khipus les uns aux autres, afin d’ajouter les chiffres issus des différentes régions de l’empire. De ce fait, les khipus pouvaient compter plus d’un millier de cordelettes, et nécessiter deux personnes pour les déployer. Les chroniques de la conquête espagnole rapportent que pour les lire, les Incas passaient rapidement les doigts sur les différents nœuds, un peu à la manière des aveugles lisant du braille.

[….]

Les khipus incas se distinguent par leur usage abondant des nœuds, selon un principe aujourd’hui bien compris : on place les nœuds qui correspondent aux unités en bas de la cordelette, puis les dizaines au-dessus, les centaines encore au-dessus, etc.

Car la manière de compter des Incas est comme la nôtre basée sur la dizaine. Les habitants qui étaient de corvée pour l’empire, étaient d’ailleurs toujours répartis en équipes de dix, regroupées en cohortes plus nombreuses en fonction des besoins.

[…]

Dans les khipus, il n’y a pas que les nœuds. Il y a aussi la couleur. Tresses bicolores, fils de couleur ceinturant les cordelettes : c’est notamment dans ces motifs colorés que se cachent sans doute d’autres informations : ce qu’on compte (temps passé à travailler pour l’empire ? Sacrifices d’animaux ?) À moins que ce soit, comme le pensent certains, une sorte de proto-écriture.

 

Source: archeo.blog.lemonde.fr