La culture polynésienne jusque sous la peau (Level B1+)

French reading and comprehension / new words and expressions

Spécialiste du tatouage polynésien, Thierry a ouvert son salon à Ollioules, dans le sud de la France. Il est ce week-end à l’International Tatoo Festival de Nice.

À des milliers de kilomètres des îles qui l’ont séduit, loin des lagons lumineux de la Polynésie française, c’est dans une petite rue du centre historique d’Ollioules que Thierry a ouvert son salon de tatouage : Manao Tiki Tattoo.

Avec un nom pareil, vous ne pouvez pas vous tromper : même s’il sait tout faire, Thierry s’est spécialisé dans le tatouage polynésien. «Tous les artistes tatoueurs se spécialisent. C’est une façon de se perfectionner, de devenir meilleur.»

Un grand prêtre pour professeur

Qu’ils soient maoris, samoans, marquisiens, tahitiens, paumotu… les tatouages polynésiens n’ont plus aucun secret pour Thierry. Son savoir, il l’a acquis à la source. Quatorze ans durant, Thierry a vécu auprès de Raymond Teeriierooiterai, plus connu sous le nom de Raymond Graffe, grand prêtre des cérémonies traditionnelles à Tahiti. «Avant les tatouages, c’est la culture polynésienne dans son ensemble qui m’a attiré», confie Thierry.

Une culture qu’il aime à faire partager à ses clients lors des longues séances de tatouage. «Je travaille à la polynésienne : je prends en général une seule personne par jour. Et comme je fais plutôt des grosses pièces – 6 à 7 heures de boulot – j’ai de quoi raconter», lâche Thierry d’un air amusé.

Il faut croire que sa conversation est intéressante puisque certaines personnes n’hésitent pas à parcourir des centaines de kilomètres pour confier leur corps à ses seules « grosses pattes ».

En toute simplicité, Thierry raconte : «J’ai des clients qui viennent de Paris, de Lille et même du Luxembourg. Si le travail nécessite deux jours, ça m’arrive même de leur payer l’hôtel !»

Mais on s’en doute un peu, si certains sont prêts à traverser la France pour rencontrer Thierry, ce n’est pas que pour connaître la signification de tel ou tel motif. Mais plutôt pour sa griffe, son style. Unique. «Un tatouage, c’est un tatoueur», résume Thierry.

À main levée

Adepte du « free hand », dessin à main levée, Thierry a pour philosophie de ne pas copier les motifs traditionnels, mais de les réinterpréter. «C’est leur assemblage qui fait l’originalité du tatouage».

Autre règle de fonctionnement : «Ici, on ne choisit pas sur catalogue. Quelqu’un qui vient chez moi me raconte son histoire, ce qu’il veut voir dans son tatouage. Ça me donne une idée. Ensuite, avec ma vision musculaire de la personne, j’adapte le tatouage à sa morphologie. Le résultat est beaucoup plus harmonieux».

Mieux vaut bien réfléchir avant

Se faire tatouer n’est pas forcément sans risque. Président de la Société française de dermatologie chirurgicale et esthétique, le docteur Thierry Krafft évoque « les risques d’infection bactérienne, voire même virale, si le matériel utilisé par le tatoueur est mal stérilisé ».

Certaines personnes peuvent également être allergiques à l’encre« Ce qui peut provoquer des réactions inflammatoires chroniques. »

« Désirs de détatouage »

Mais halte à la psychose ! Dans son cabinet, le Dr Krafft est le plus souvent confronté à « des désirs de détatouage ». Plusieurs explications à ce revirement« le tatouage ne plaît plus tout simplement ou il n’a plus la signification d’antan. Un changement de situation professionnelle peut aussi être une explication ».C’est un fait : le tatouage, s’il est visible, peut être mal accepté dans certains milieux.

Pour l’effacer, une seule solution : le recours au laser. « Mais enlever un tatouage est toujours difficile et nécessite plusieurs séances », prévient le Dr Krafft.

En fonction de la localisation, de la surface du tatouage, il faut compter en moyenne de 3 à 6 séances, espacées de plusieurs semaines ! Et encore, le laser ne réalise pas tous les miracles. Certaines encres colorées sont très difficiles à faire disparaître. « Paradoxalement, le noir et le rouge sont les couleurs les plus faciles à effacer. Toutes les autres teintes sont beaucoup plus difficiles à faire disparaître ».

Un dernier détail : une séance de laser coûte entre 60 et 120 euros…

 

Extrait: Varmatin.com , 31 mars 2013